jeunes

Scan-R est une asbl qui a pour objectif de donner la parole aux jeunes en leur donnant l’occasion d’écrire sur le sujet de leur choix. Nous proposons donc un dispositif à la fois pédagogique et médiatique. Pédagogique puisque nous proposons des ateliers d’écriture aux structures rassemblant des jeunes (Maisons de Jeunes, AMO, Kot à projet, écoles, hôpitaux psychiatriques, services d’accrochage scolaire, IPPJ,…). Ces ateliers se déroulent avec un animateur ou une animatrice associé·e à un·e journaliste. Médiatique enfin, puisque les écrits produits pendant ces ateliers sont, le plus souvent, publiés sur le site de Scan-R ou sur celui de nos partenaires. Ces partenaires nous permettent de porter, plus loin, plus haut, l’expression d’une jeunesse aussi créative que déterminée.

HARCÈLEMENT, DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE

Pour Chloé, c’est parfois plus facile d’écrire sur le harcèlement scolaire que d’en parler à ses proches. Voici ce qu’elle a vécu et comment, voici les différentes pistes ou moyens qu’elle propose pour en sortir !

L’ENFER EN PRIMAIRE

Le harcèlement est un sujet qui me touche énormément. Je l’ai subi pendant mes années à l’école primaire. Heureusement pour moi, tout cela s’est arrêté une fois que je suis entrée en secondaire. Le harcèlement peut avoir beaucoup de conséquences : le manque de confiance en soi, le manque d’amour propre. Il peut aussi avoir des impacts sur la sociabilité, entrainer une grande solitude … Pendant que j’étais harcelée, on me disait que j’étais amoureuse d’une personne ou, comme la plupart de mes ami·e·s étaient des garçons, on me disait que j’étais un garçon manqué. Cela peut paraitre débile, mais à la longue ça me faisait tellement de mal que, plusieurs fois, j’ai pensé à mettre fin à mes jours. Tout s’est arrêté en secondaire, le groupe qui me harcelait s’est séparé dans différentes écoles.

SILENCIEUSE DANS MA BULLE

Je n’en ai parlé à personne autour de moi, je ne voulais pas les ennuyer avec mes problèmes, je ne voulais pas avoir l’air d’être faible aux yeux des autres. Seulement, il faut savoir que, forcément, un jour, notre entourage le découvre… Un moment, on craque à cause de la pression ou dans des cas extrêmes et trop fréquents, on décide de mettre fin à ses jours. Pour moi, ce sont mes ami·e·s du secondaire qui l’ont découvert. Quand on harcelait ma meilleure amie, je m’étais identifiée à elle. Un jour, on en a parlé toutes les deux et je me suis confiée à elle. Parfois, j’étais vraiment pas bien en écoutant ce qu’elle vivait. Pendant et même après, le harcèlement, je devenais moins sociable par peur du jugement des autres, de leurs réactions. Moins j’étais sociable, plus grande était la solitude que je ressentais. Je m’enfermais dans ma bulle. Cette bulle où je me sentais bien, invincible et protégée. Sans cette bulle, j’étais confrontée aux remarques et aux jugements. Cloitrée dans ma bulle, je perdais mes ami·e·s et je restais tout le temps chez moi, sans être invitée aux anniversaires.

LES SOLUTIONS

Je vais maintenant vous parler des solutions qui m’ont aidée à sortir de ma bulle. La première, c’est d’en parler à une personne qu’on ne connait pas forcément très bien. Cela va aider à ne pas se sentir jugé·e, et même si on a ce sentiment-là, il faut se dire qu’ il y a peu de chances de revoir cette personne. Après, on se sent soulagé, on ne porte plus ce lourd secret tout·e seul·e. La deuxième, c’est d’en parler à ses parents par des moyens implicites, par exemple une poésie ou leur faire regarder un film qui traite de ce sujet pour essayer de faire passer un message subliminal aux parents.

UNE ASSOCIATION POUR AIDER

L’association qui m’a permis d’en parler, c’est l’asbl Sors de ta bulle. Cette année, elle est passée à l’école pour nous sensibiliser au harcèlement moral, physique, ou encore le cyber harcèlement. C’est seulement à ce moment-là que j’en ai parlé à une autre personne que mes amies. Aujourd’hui, j’avoue ne pas encore avoir trouvé le courage d’en parler à mes parents.

PLUS FACILE À DIRE …

Pour conclure, je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais il faut en parler à des personnes en qui on a confiance et essayer d’en parler à des personnes qui ont aussi vécu le harcèlement. Si jamais vous ne vous sentez pas encore prêt·e, ce n’est pas grave, prenez juste votre temps. Dans mon cas, cela m’a permis de regagner un peu de confiance en moi, de sortir de ma bulle et de me faire de vrai·e·s, de véritables ami·e·s.

AUTEURE : CHLOÉ, 16 ANS, LIÈGE
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R À DISTANCE

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